Cinq anglicismes fréquents à éviter
Voir Introduction ici.
Partie IV
Les Bonnes Occaz
(opportunité et occasion)
En cette période de fêtes, alors que les soldes déguisées, les réductions et les bons plans se multiplient, que de bonnes occasions se présentent à nous !
Achetez quelque chose
en occasion, voilà une chose tout à fait courante, bien plus
qu'acheter quelque chose en opportunité. Occasion et opportunité, les deux frères ennemis.
L'opportunité désigne par ce suffixe -té ce qui est opportun, c'est-à-dire ce qu'il convient de faire, au bon moment, au bon endroit, de la bonne manière selon les circonstances, encore ce qui vient à propos, ce qui est pertinent, fondé (pertinence et bien-fondé sont des synonymes d'opportunité).
Opportunus « qui pousse vers le port » est un adjectif qui décrit l'action du vent, tandis qu'occasio, déverbal d'occidere « tomber, se coucher, mourir », est un nom qui désigne un moment propice, une chance, une possibilité, une offre.
On ne saisit donc pas
une opportunité comme on saisit une occasion, qui n'est qu'une
circonstance favorable à une action particulière, et non l'action
en tant que telle ni une manière d'être, de penser ou d'agir de manière opportune.
Toutefois, en français, de plus en plus, sous l'influence de l'anglais opportunity « opportunité, occasion », nous confondons les deux. Les deux exemples suivants, les premiers à apparaître suite à une recherche sur Internet, sont très parlants à ce propos :
My company offers multiple opportunities for advancement.
Mon entreprise offre de nombreuses opportunités de promotion.
This offer is indeed a great opportunity.
En effet, cette offre représente une grande opportunité.
Dans les deux cas, la traduction par calque du terme anglais pose problème, puisque dans ces exemples, opportunity désigne bien des moments favorables ou propices, non ce qui est opportun. Voici deux propositions de traduction :
Mon entreprise offre de nombreuses occasions d'être promu/possibilités de promotion.
En effet, cette offre est une belle occasion à saisir.
Autre exemple, inspiré de mes relectures :
Ce livret vous offre l'opportunité d'en apprendre plus sur l'univers du jeu.
Ici, il apparaît clairement que le véritable sens porté par opportunité est celui d'occasion ou de possibilité, on écrira donc :
Ce livret vous offre l'occasion/la possibilité d'en apprendre plus sur l'univers du jeu.
Un dernier exemple d'un emploi correct du terme :
Il pensait à cette opportunité : fallait-il qu'il se rendît à cette fête ?
C'est-à-dire que ce « il » se demande s'il est convenable ou pertinent qu'il se rende à cette fête. Il ne s'interroge pas sur le moment, qu'il lui faudrait saisir ou non, mais sur la qualité de celui-ci, son caractère opportun (voir la définition de l'adjectif opportun), et la manière de l'exploiter ou non.
Les langues orales et courantes ne s'en formaliseront pas, nous employons tous opportunité en lieu et place d'occasion ou de ses synonymes, mais l'édition d'un texte demande d'être autrement plus précis dans les termes employés : un texte écrit en français demande l'emploi de termes et de sens spécifiques au français. N'oubliez donc pas que ce qu'on peut offrir ou saisir, c'est bien souvent un moment propice ou favorable, donc une occasion.
Rôlistement vôtre.
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